Quelle est la contribution du secteur philanthropique à la promotion des femmes et des filles en France ?
Le faible financement des associations de femmes a conduit le Fonds pour les Femmes en Méditerranée à mener, en collaboration avec le Centre Français des Fondations, une étude sur « la part des fonds et des fondations dans le financement de la promotion des filles et des femmes en France ». Cette étude a pour but de dresser un état des lieux dans la perspective de construire avec les fonds et les fondations des stratégies communes et apporter ainsi un soutien plus efficace aux associations de femmes.
Résultats de l’enquête menée par le Fonds pour les Femmes en Méditerranée avec l’appui du Centre Français des Fondations
De l’importance des associations de défense des droits des femmes dans une société
La solidité des associations qui oeuvrent en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes constituent un baromètre en matière de justice et de préservation des règles démocratiques dans une société. Malheureusement, si l’on en juge par la pauvreté et le dénuement dans lesquels vivent la plupart des associations qui travaillent dans ce sens, on pourrait déduire que notre société se porte mal. On peut l’observer partout en France, les associations de défense des droits des femmes qui sont pourtant extrêmement sollicitées, travaillent dans l’urgence et le court terme avec très peu de moyens. De façon encore plus choquante, dans les quartiers défavorisés, bon nombre d’entre elles finissent par mettre la clé sous la porte par épuisement car trop peu d’aide leur est accordée, que ce soit de la part des pouvoirs publics ou de la part des fondations privées, encore peu engagées dans le secteur des droits des femmes. Ces associations de femmes constituent pourtant, dans certains quartiers, un rempart (et parfois le seul) contre l’avancée des fondamentalismes et des conservatismes de tous bords. En s’affaiblissant ou en disparaissant, elles laissent des espaces vides que ces courants s’empressent d’occuper.
Des associations de défense des droits des femmes de plus en plus pauvres
Une étude effectuée auprès des associations de femmes françaises qui ont adressé des demandes de subvention au Fonds pour les Femmes en Méditerranée entre 2015 et 2017, nous indique que sur un total de 120 demandes en provenance de différentes villes en France :
56 % ont un budget annuel variant entre 31 000 € et 150 000 €,
25 % ont un budget entre 0 et 30 000 €.
D’une façon générale, et à de rares exceptions près, l’écrasante majorité des associations françaises (90%) qui s’adressent au Fonds pour les Femmes en Méditerranée et qui ont pour mission spécifique de lutter contre les violences faites aux femmes a un budget bien inférieur à 150 000 euros par an. Avec si peu, elles parviennent à faire beaucoup, mais à un prix très élevé pour elles.
Plus triste encore est de constater que ces associations se sont appauvries et fragilisées, puisque le budget moyen annuel est passé en 2017 sous la barre des 50 000 €, contre 56 000 € en 2016. La raison de cette fragilisation est évidemment, en premier lieu, la diminution des subventions publiques
qui sont, pour beaucoup, leur unique soutien. Mais on oublie souvent aussi que la fragilité des associations tient au fait qu’elles ne reçoivent quasiment pas de soutien financier pour leurs frais de fonctionnement. On note qu’un grand nombre d’associations qui s’adressent au Fonds pour les Femmes en Méditerranée demandent des subventions pour payer des salaires ou d’autres frais de structure. En effet, leur existence tient à l’implication bénévole de leurs membres et cela les met en situation de grande précarité. Elles n’ont alors pas les moyens (le temps, l’énergie et parfois le savoir-faire) de chercher de nouveaux soutiens financiers -privés ou publics- tout en assurant leur mission sur le terrain, pourtant de grande utilité pour la société toute entière. ....