Donner les moyens à l’ambition de l’Égalité Billet par Caroline Sakina Brac de la Perrière
Entre la 4e Conférence internationale des Nations unies sur les femmes en 1995, à l’issue de laquelle 189 États ont signé la Déclaration et le programme d’actions de Beijing, et le Forum Génération Égalité qui devrait rassembler les chef.fes d’Etat, fin juin à Paris, pour les 26 ans de cet anniversaire, la situation des femmes dans le monde a connu une certaine amélioration. On a noté, en effet, des changements significatifs dans le monde entier en matière d’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi et aux libertés individuelles pour les femmes et les filles, une reconnaissance accrue des droits LGBT et une évolution importante des protections juridiques : depuis la Conférence de Beijing, 155 pays ont promulgué des lois contre les violences conjugales.
Toutefois, les progrès ont été lents et, comme les gouvernements ont failli à leurs engagements de donner priorité à la cause de l’égalité entre les sexes et d’y consacrer des ressources, ils sont susceptibles d’être balayés au moindre orage.
La crise du Covid-19 a été un révélateur en la matière : elle a entraîné des pertes d’emploi massives pour les femmes, plongeant 47 millions de femmes supplémentaires dans l’extrême pauvreté et portant le nombre total des femmes vivant dans l’extrême pauvreté à 435 millions (sur 700 millions de personnes, soit 62%). Selon l’ONU Femmes, elle a ainsi précipité une « pandémie de l’ombre » de toutes les formes de violence à l’égard des femmes dans le monde.
Nombreux rapports ont, en effet, montré que l’enfermement exigé par les mesures sanitaires et l’impact de la crise sur le revenu des familles et des femmes ont considérablement augmenté la vulnérabilité de celles-ci. Toutes les formes de violences envers les femmes et les filles, dont surtout la violence domestique, se sont intensifiées. Et les plus vulnérables comme les femmes ayant un handicap, les adolescentes, les femmes migrantes, réfugiées ou vivant dans les zones rurales, se trouvent plus vulnérables encore.
La régression de la condition des femmes en temps de crise montre à quel point les avancées sont fragiles et que les déclarations les plus ambitieuses ne sont rien si on n’y met pas les moyens.
Les femmes de tous les pays réclament que beaucoup plus de moyens soient dédiés à l’application des lois et à une réelle mise en oeuvre des mécanismes concernant l’égalité entre les sexes et la lutte contre les violences faites aux femmes, qu’elles ont identifié depuis longtemps comme l’éducation à l’égalité, la prévention, la formation, la protection et la prise de confiance en elles des femmes.
Le Forum Génération Égalité est l’occasion pour elles de demander, avec la campagne #StopTalkingStartFunding (cf p.4), que 0,1% du PNB de chaque pays soit consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes et, avec la campagne ASK, que 10% de l’Aide Publique au Développement aillent aux fonds féministes, seuls capables de faire parvenir les financements aux petites associations de femmes sur le terrain. Celles qui changent le monde.