Sur tout le pourtour méditerranéen, malgré beaucoup d’incertitude et d’obstacles comme les restrictions de sortie, de circulation et de réunion, les associations pour les droits des femmes continuent d’être actives et engagées. Souvent implantées dans des zones défavorisées, elles travaillent avec des femmes dont les situations de détresse et de précarité n’ont fait qu’augmenter avec le confinement et la crise économique.
Elles ont dû réagir très vite et adapter à la fois leur fonctionnement interne, leurs méthodes, jusqu’à leur mission et leur périmètre de travail, pour pouvoir apporter des réponses adéquates à cette situation nouvelle. Nombreuses dont ce n’était pas l’activité ont dû se transformer en cellule d’écoute et recherche d’abri pour l’afflux de femmes victimes de violence dont le nombre a crû de 30% à cette période et/ ou renforcer avec leurs équipes l’action des associations humanitaires pour produire des masques et distribuer des produits de premières nécessités aux plus démunies et à leurs familles.
Elles ont mesuré leur propre précarité devant la vétusté de leur matériel de bureau en mettant en place le travail à distance et leurs consultations de soutien juridique et psychologique par téléphone : leurs ordinateurs, téléphones portables et connexion wifi étant souvent très basiques et rarement individualisés. Mais le plus difficile a été -et reste - de maintenir un accueil bienveillant et sécurisant quand elles-mêmes sont insécurisées devant la défection de plusieurs de leurs soutiens financiers.
Justement... avec quelle aide ?
Au début de la crise, la situation était assez chaotique : certains bailleurs ont suspendu l’aide qui concernait des activités devenues impossible à faire, d’autres ont décidé de remodeler leurs programmes et d’aller vers plus de soutien à l'humanitaire, achevant dans les deux cas de fragiliser les associations de droits des femmes débordées et désemparées. Mais un bon nombre se concertaient pour être plus efficaces dans un tel contexte. Ceux-là ont souvent débloqué des fonds d’urgence, hors des procédures habituelles, pour faciliter l’accès aux ressources aux petites associations en passant par les canaux d’accès rapide proposés par les fonds féministes, dont, en l’occurrence, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée.
Nous avons agi alors à trois niveaux : en interne, pour adapter nos activités au télétravail et à l’absence de réunions physiques, auprès des associations partenaires, en appelant plus d’une centaine d’entre elles pour identifier leurs besoins et leur débloquer des fonds d’urgence, et auprès des donateurs et donatrices, nos ami.es pour faire appel à leur solidarité et les bailleurs moins connus pour les alerter de la situation dans laquelle se trouvaient les associations de femmes de la région.
Nous avons intensifié notre mode d’intervention qui consiste à donner une réponse rapide aux demandes ; permettre une utilisation flexible des fonds selon les exigences du contexte ; soutenir le fonctionnement des associations de façon à ce qu’elles puissent, au moins, rester debout - les projets étant difficiles, voire impossibles, à réaliser ; enfin, faire confiance aux associations si elles décident de mettre en place des activités extraordinaires, hors de leur mission et de nos critères, comme, par exemple, des actions de type humanitaire.
Et à continuer à leur trouver toujours plus de soutien.